Arrivée en Bretagne Début 1968

Publié le par Chouette et chouette

Ma mère  m'expédia comme un paquet de linge sale chez Lui.
Donc vers l'Ouest.
Etait-ce vraiment une conquête ?
Je n'en jurerais pas.

Lui m'attendait sur le quai de la gare de Rennes. 
Nous dormîmes à l'hôtel Victor Hugo.
Ma première nuit en Bretagne...

Mon histoire d'amour sera avec ce lieu, bien plus qu'avec cet homme.

Le lendemain nous arrivâmes chez ses parents.

Je fus glacée sur le champ. 
La maison laide, les meubles sans âmes, les bibelots hideux, dont un énorme chien à langue pendante rouge sang qui trônait sur un buffet deux corps, dans la salle....
Tout ce qu'il y avait de plus moche dans les catalogues de chez Lévitan...

Je me sentis mal à l'aise, empotée, muette et honteuse de mon à priori.

Ce fut à peine si sa mère me salua.
Elle était émaciée, toute sèche, les cheveux teints en noir corbeau, ridée au-delà de ce que l'on peut imaginer.
Quelle vie avait-t-elle eue pour être ainsi marquée ?

Le déjeuner fut très silencieux.
De ces silences chargés jusqu'à la gueule de mauvaises pensées.
De questions non formulées,
De gène intense.
Les plats  mal cuisinés.
Mon estomac une boule de pierre.

Lui ne se rendit compte de rien.

Son père arriva dans l'après-midi.
Représentant dans les foyers militaires du grand-ouest.
De Cherbourg  à Bordeaux.
En tant qu' ancien  militaire dans les Marsouins, il avait ses entrées partout.
Il partait toutes les semaines faire sa tournée des popotes.
Cela lui permettait de respirer un air meilleur sans aucun doute. 

Il était amusant,  sympathique, rondouillard.
Je n'apprendrai que plus tard qu'il fut membre actif de l' O.A.S.
Comme toute la famille, rapatriée d' Algérie.

La vie s'installa ainsi. 
Lui filait le dimanche soir à la fac.  
Rentrait le vendredi soir . 
Je restais comme une potiche fêlée en compagnie de sa mère.
Dans une maison inhabitable.

Un soir, descendant chercher un verre d'eau, je vis sa mère écrire des cartes-lettres.
Il y en avait un tas impressionnant.

Voulant faire preuve de sympathie, je lui dis : " vous avez beaucoup d'amis pour écrire tant de cartes de voeux..."

Elle me regarda et répondit: " ce sont des cartes de MAUVAIS voeux..."

Je remontai sans mon verre d'eau... 
Peur et tremblote.

Dans quel enfer étais-je tombée ?

Publié dans Pas chez nous...

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I
Bé raison de plus : en sautillant, ça prend plus de temps !
Répondre
I
Eh oui ! <br /> Mater la future belle-doche avant de courir chez le curé !
Répondre
C
<br /> sauf que jusqu'alors c'est moi qu'on essayait de mater, et puis courir, moi, tu sais...!<br /> <br /> <br />