Comparatif...
Imaginez un tableau deux colonnes : à gauche, chez mes parents, à droite, chez les siens. Je ne sais pas faire ce tableau mais c'est l'esprit.
Mes parents : tension permanente, trop d'amour mal compris, mal exprimé qui passe par des scènes sans fin, des hurlements, des bagarres verbales et physiques.
Trop occupés d'eux-même.
Nous grandissons à la va comme j' t' pousse.
Un décor agréable de meubles pansus, fleurant la cire, des objets rares et mis en valeur dans un décor simple, des rideaux de velours un peu style théâtre, une bibliothèque débordante, des tableaux peints par mon père, de jolis ouvrages brodés par ma mère, un chat, un chien qui participent au quotidien à tout ce qui se passe !
Un jardin entretenu par mon père, joli à regarder, où il fait bon lire et se reposer.
Ça discute tout le temps, tout le monde s'emmêle, même ceux que ça ne regarde pas, qui sont, éventuellement, pris à témoins.
C'est un méli-mélo de fureur, de fous-rires nerveux, d'amour, de réconciliations, chargé d'un passé qui pèse trop lourd avec de rares, trop rares moments, de vraie détente : mon père au piano, ma mère avec des verres de cristal faisant la mélodie et nous qui chantons n'importe quoi....
Un gros gâchis.
Invivable, insupportable, effrayant pour de jeunes enfants qui en grandissant se sauvent comme ils peuvent de cette ambiance furieuse. Nous quittons tous la maison parentale très tôt, ne sachant pas très bien quoi faire de notre peau .
Ses parents : tension permanente, pas d'amour, de la haine, des mots blessants, meurtriers.
Elle souffle méchamment à chaque fois qu'il parle.
Lui l'appelle Mie et fait celui pour qui tout va bien.
Leur fils vit lui aussi comme si tout était normal, reste collé à sa mère mais ne rejette pas son père.
La maison est meublée comme déjà dit, des meubles néo-breton très laids, vernis, réfrigérants, des bibelots en toc du genre souvenir de Triffouilly mais sans le côté désuet et parfois sympathique que l'on trouve dans de vieilles maisons avec ce type de bidules.
Tout est posé de façon définitive, rien ne bouge, tout est figé.
C'est glacial, inaccueillant, rébarbatif. Pas un livre à part quelques rares Reader's digest.
Le jardin est nu, peu, voir pas de fleurs, des pommiers en cordeau, pas un fauteuil ni une table pour s'y reposer.
Ils se sont rencontrés à Paris. Lui était en casernement, elle, comme beaucoup de jeunes filles bretonnes était petite bonne dans une famille bourgeoise. Elle tombe enceinte, il part à la guerre, fin de l'idylle, après ce sera par devoir, convention, qu'ils resteront mariés.
Pas de gâchis, juste une erreur.
Silencieux, hypocrite, leur fils reste chez eux, il a 24 ans quand on se marie.
A l'époque les enfants quittaient plus tôt la maison parentale.
C'est ce qui me saute aux yeux, au coeur quand je débarque comme une pierre dans les lentilles .
Je reviendrai sur ce chapitre car il y a encore beaucoup de différences, d'écarts qui auraient du me faire fuir au plus vite, je ne connaissais pas d'autres modes de vie que celui de mes parents.
Je savais qu'il y en avaient d'autres par mes lectures entre autre.
Par mes personnes " totems " comme celles qui ont jalonné ma vie depuis toujours.
Je savais qu'ils n'étaient pas un modèle à suivre, qu'il me faudrait inventer le mien.
Le " modèle " des beaux-parents étaient encore plus hideux à mes yeux car là, il n'y avait pas un soupçon, pas un souvenir, d'amour, de tendresse, d'affection.
Mon mari ne se souvenait pas avoir vu ses parents s'embrasser, ils avaient chacun leur chambre depuis toujours selon Lui.
Nous devrons y mettre du notre pour échapper à ces modèles cohabitations...