Tu me fends le coeur.
Sauf que nous jouiions au tarot, pas à la belote.
Belle après-midi.
Incitant à la sieste.
Nous étions de garde.
Près de la cabane-atelier.
Chapeaux de soleil crânement posé de guingois.
Nous nous la faisions mafiosi.
Je faisais la paire avec MonHibou.
En face Ludo et Maurice.
J'avais prévenu mon partenaire.
Je jouais comme un sabot.
Me souvenais pas de ce qui passait.
Ne comptais pas les atouts.
Autour de la table, en face de Maurice.
Le hasard semblait en avoir décidé ainsi.
Clops, cendars, pichet d'eau.
Mollement les cartes tombaient.
Silence.
Plus du au cagnard qu'au sérieux.
Et les allumettes de nos deux partenaires diminuaient.
Tour après tour.
Ils perdaient.
Vint le moment de reprendre le travail.
Replié le tapis, rangées les cartes.
Ne voulant pas en rester là, nous continuâmes.
Toute la semaine.
Et ils perdaient.
Notre fortune en allumettes était faite.
Les nuages arrivèrent.
Nous ne mîmes plus nos galurins.
Plus les lunettes de soleil.
Enfilâmes une petite laine.
Et nous commençâmes à perdre.
Inéluctablement.
Irrémédiablement.
Les allumettes fondirent.
C'est ce jour là que Momo s'écria : Eureka !
Diable !
Nous étions faits comme des rats.
L'étincelle avait lui dans sa cervelle.
Il avait porté toute la semaine des rayban.
Je voyais son jeu comme dans un miroir.
Je cours encore...