Retour de Grand-frère.

Publié le par Chouette et chouette

Grand Frère revint quelques jours avant Noël 1981.

Je reçus une missive d'urgence, m'annonçant son arrivée à Roissy un matin autour de 9 ou 10 heures.

Nous partîmes Yolande et moi dans la nuit pour être de bonne heure aux environs de l'aéroport.
Je n'avais que très peu conduit en banlieue parisienne et la prudence s'imposait.
Pas de GPS en ces années là !

La carte sur ses genoux elle prévenait le plus possible à l'avance des bretelles à prendre.
Nous arrivâmes saines et sauves et largement à temps !
Nous avions essayé durant le trajet d'imaginer le pourquoi de ce retour.
Il était parti pour au moins 2 ans et revenait au bout de 15 mois.

J'étais à la fois folle de joie et très inquiète.

Nous prîmes un petit déjeuner, puis commençâmes à attendre en arpentant le hall.
D'autres arrivaient, venant chercher des enfants arrivant d'outre-mer pour les fêtes.

Un panneau nous annonça que le vol en provenance de Nouvelle Calédonie serait en retard.
Pas d'autres précisions.
C'était à plus de 10 000km, je comprenais que l'heure puisse ne pas être exacte.

Vers 11 heures autre message :  un nouveau retard du vol prévu...
Quelques personnes et moi cherchâmes à en savoir un peu plus.
Les comptoirs étaient vides. Personne pour nous parler.

Un monsieur téléphona pour demander à quelle heure arrivait l'avion, on lui répondit...
Qu'il aurait du retard !

La pression montait. 
Nous étions maintenant nombreux à attendre

Vers 13 heures s'afficha l'annonce suivante :
pour des raisons inconnues l'avion en provenance de... était retenu sur l'aéroport de Barhein !!!

L'inquiétude saisit tout le monde.
Retenu ? Raison inconnue ? Dans les émirats du Golfe ?

Des grands-mères pleuraient en silence.
J'étais en colère, et pas la seule.

L'avion qui devait atterrir avant dix heures du matin arriva enfin à 17 heures...

Il ne restait plus qu'à attendre notre voyageur.

Beaucoup d'enfants effectivement.
Ils avaient tous autour du cou l'affichette : minor...
Ils étaient tous emmitouflés chaudement.

Et, au milieu de ce petit troupeau, un gamin détonnait !!!

En tee-shirt et boxer short, des sandalettes en plastiques aux pieds, sans chaussettes...
A poil quoi !

Mon fils.

Tout nu ou presque, souriant jusqu'aux oreilles, doré comme un croissant.

Il me prit dans ses bras, se serra contre moi à m'étouffer.
Il s'accrochait à moi comme un noyé à sa planche.
Les regards alentour étaient médusés !
Je ne pouvais leur en vouloir, médusée moi-même.

Lorsque Grand Frère releva la tête, il me dit :
Ca fait chic, hein, de descendre d'un avion avec un étui de saxophone à la main ?
Yolande et moi éclatâmes de rire.
Ca pour se faire remarquer, c'était gagné !
Pas forcément à cause du saxo...

Je lui dis d'aller chercher ses bagages.
Il revint avec un vieux cartable, tout rafistolé avec de la ficelle et pratiquement vide.

Lui avait gardé ses affaires pouvant lui servir, duvet, réveil, appareil photo etc, quand au reste ça avait pourri avec l'humidité ou bien avait été dévoré par des bestioles dont je préférais ignorer l'identité.

Mon petit bonhomme avait voulu partir avec son père, ayant besoin de lui et le résultat n'était pas brillant.
Je me tus, on verrait plus tard.

Pourquoi avais-je eu l'intuition de prendre couverture et duvet ?
Je me le demande encore !

Dès qu'il fut enroulé dedans il s'endormit d'un sommeil de plomb.

Il ne sut pas que la tempête souffla violemment sur le chemin du retour.
Que la pluie m'empêcha de voir à plus de 50 mètres.
Que nous tombâmes en panne de feux...
Qu'un garagiste nous dépanna bénévolement.
Que nous mîmes un temps fou à regagner notre Centre Bretagne.
Qu'il fallut que Yolande le portât dans son lit.
Que je passai ce qui restait de nuit à côté de son lit à le regarder...
Que Petit Homme vint lui faire des bisous avant d'aller à l'école.
Que Grande Soeur passa la tête pour le voir.

Je réalisai alors à quel point il m'avait manqué.

Je me sentais COMPLETE.


Publié dans Tranches de vie...

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N
<br /> C'est très émouvant et... clair, ma Chouette. Il y a des instants de grand bonheir comme ça, heureusement !<br /> Je t'embrasse ma belle<br /> Nettoue<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Ce fut un grand bonheur, c'est vrai, mais pas si simple bien sûr pour mon fiston à l'époque.<br /> Je t'embrasse, bonne soirée.<br /> <br /> <br />
L
<br /> Roissy, c'est le grand machin rond avec les voitures au-dessus, à l'époque...<br /> On peut en faire des pas sans se retourner.<br /> <br /> Tu nous dis pas, mais il avait envie d'avoir des crêpes bretonnantes ton gamain, c'est tout non ?<br /> Une bolée de cidre peut-être ?<br /> Et puis va pour le retour sous les tropiques, c'est ca ?<br /> <br /> <br />
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C
<br /> La suite une autre fois.<br /> <br /> <br />